Développer des idées, inspirer et faire réfléchir
Il y a une erreur importante que j'ai fait trop souvent dans ma vie : tenter de raisonner des gens qui n'étaient pas prêts à le faire. Dans ma jeunesse, j'étais terriblement maladroit pour faire partager mes idées. Quand j'entrais dans un débat musclé, je n'avais pas encore de bons arguments, j'avais que des sentiments et je peinais à les exprimer sans colère. J'avais beau avoir de bonnes questions sur la vie, je n'arrivais pas à les faire ressortir correctement. Le fond était plus ou moins juste, mais c'était la façon de parler qui n'allait pas et je manquais cruellement de sagesse. J'en ai enchaîné des échanges stériles dans ma deuxième décennie. J'ai beau avoir évolué depuis, pourtant, il m'arrive de refaire la même erreur quand je me sens mal.
Avec la fatigue ou l'impatience, j'oublie trop souvent que certains ne sont pas prêts à considérer le monde sous un autre angle, qu'ils ont encore besoin de franchir de nouvelles étapes dans leur conscience, qu'ils ne sont pas encore suffisamment éveillés. Dans ces cas-là, non seulement je suis contraire à mes principes et à ma philosophie, mais en plus de cela, je leur donne bien raison de ne pas m'écouter. Le paradoxe est là : en tant qu'amoureux de la vie, j'aimerai montrer une voix plus justes aux autres, au moins à ceux qui m'entourent ; mais en même temps, dans cette époque totalement chaotique, je dois avouer que beaucoup finissent par me faire perdre pieds. Face à toutes les injustices dans ce monde, avec toutes toutes ces misères que l'on voit et ce manque d'humanité dans les décisions politiques, on peut en vouloir facilement à tous ceux qui gardent le silence, qui détournent le regard, qui ne s'indignent même pas. De ce fait, je suis partagé par deux choses quand je parle à une personne qui peine à développer sa conscience : soit laisser parler ma colère pour me défouler sur elle ; soit m'en tenir à mes principes afin de tenter de l'aider à avancer dans la phase de sa vie. Le problème, c'est que j'ai le sentiment qu'il est urgent de nous réveiller tous car demain devient de plus en plus sombre. C'est sans doute une erreur de penser qu'il faut aller vite pour éveiller les gens, mais l'équation est compliquée face à la mort de nos libertés. Je ne devrai ni prendre trop à cœur les choses, ni en faire une affaire personnelle, ni m'emporter... mais c'est dur quand je ne vois rien d'autre qu'un avenir compliqué devant moi, qu'un monde malade qui continue sur un chemin dangereux. Je suis inquiet, surtout pour les belles choses qu'il nous reste. Avec tout cela, il y a des jours où je suis épuisé, donc je ne peux pas accepter le manque d'esprit critique. Il y a des jours, où je ne peux pas tolérer les gens qui pratiquent l'inertie cérébrale. C'est pour cela que je suis parfois virulent, encore plus avec des proches.
Il m'a fallu longtemps pour comprendre que chaque personne est dans une phase de son évolution personnelle. En réalisant cela, j'ai changé radicalement ma façon de parler et j'ai surtout compris que je pouvais faire autrement pour partager mes idées. Comme pour les enfants à l'école, on pourrait dire qu'il y a des niveaux de conscience chez les gens. Parfois c'est évident, une personne est clairement éveillée ; je sais qu'avec elle nos échanges seront enrichissants. C'est aussi très évident pour les personnes qui ne réfléchissent jamais sur rien, dans ce cas-là, les discussions sont souvent très creuses. A certains niveaux de conscience, les choses sont plus ardues, surtout quand quelqu'un semble se poser de bonnes questions mais préfèrent établir des réponses assez extrêmes, fermant alors toutes nouvelles réflexions. Là se greffe alors des idées plus ou moins justes, ce qui met généralement des barrières si celles-ci sont menées avec vigueur dans un débat, surtout si elles sont défendues comme une vérité absolue. Or, j'ai aussi réalisé que je ne pouvais jamais rien apprendre si je pensais avoir toujours raison comme le disait Keenu Reeves. Cela rejoint cette problématique : si on a des idées que l'on ne sait pas remettre en question, on ne peut pas faire évoluer sa vision des choses.
En somme, je sais que je peux être encore maladroit malgré tous mes efforts et la sagesse que je cherche à développer. Face à moi, il y a beaucoup de défis et je peine parfois à les relever avec sérénité. Toutefois, je m'emploie à faire toujours de mon mieux. Avec des personnes qui cherchent toujours à avoir raison, je me confronte à mon propre ego, surtout quand j'essaye de comprendre celles-ci. Avec elles, je travaille mon comportement. Bien qu'elles n'écoutent pas, quand je suis sur un bon jour, j'essaye de les confronter sur ce point, je les écoute parler. Cela me pousse à construire mon propre raisonnement, si je veux inspirer les autres, je dois être exemplaire (sans pour autant tomber dans l'extrême en voulant être irréprochable). Ces personnes m'obligent aussi à être plus clair. J'en apprends aussi avec ceux qui ne veulent jamais "se prendre la tête", pour bien comprendre cette partie de la société. Comme je ne peux pas me contenter du monde tel qu'il est, j'ai besoin d'aiguiser mes mots pour essayer de toucheur ceux-là aussi. D'ailleurs, ce que j'ai appris avec eux, c'est qu'au début, il vaut mieux ne rien dire et chercher leur respect. Un jour, ils finissent par envisager de vous écouter.
Dans un monde plus spirituel, ce serait plus facile, ce serait plus agréable, mais aujourd'hui, il faut beaucoup de force pour garder son calme et suivre la voix de la sagesse. Le contrôle des émotions est sans doute la clé pour guérir tous les maux, bien que je préfère parler de maîtrise des émotions plutôt que de contrôle. On ne peut pas contrôler ce que l'on ressent mais on peut mieux comprendre ses sentiments et mieux les exprimer. C'est un travail de longue haleine mais il est nécessaire pour ne plus être déstabilisé émotionnellement. En tout cas, je sais que si je maîtrisais d'avantage mes émotions, j'éviterai de me laisser emporter par la colère.
Ma conclusion est assez simple. J'aimerai être plus patient avec les autres et j'aimerai aider d'avantage ceux qui souhaitent développer leur niveau de conscience. Surtout parce que j'aspire à un monde meilleur. Pour cela, je dois continuer à être un bon élève de la vie tout en sachant que notre époque est un véritable challenge pour les personnes comme moi qui cherchent à être amour, qui vivent de passions et de partages. De ce fait, je m'engage à faire plus d'efforts et d'améliorer ma maîtrise des émotions. Je me dois de garder à l'esprit que je dois incarner ma philosophie, et ce, quoi qu'il arrive !
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